Trajectoire
Catherine Frantz
Artiste plasticienne, Toulouse, France
Ma vie durant, dans la solitude choisie et le silence, j’ai tiré mon fil d’énergie des signes que je décryptais et de ceux auxquels je donnais forme.
Traductrice d’ouvrages d’histoire de l’architecture et d’articles de revues d’art, et surtout,
très longtemps, graphologue, le « dessin » ou le « tracé » des écritures m’a fasciné. La singularité de chaque être dans la rencontre de sa pensée et de sa main demeure un vrai mystère… Les mots, dans leur mouvement de rubans graphiques, prennent corps, planent comme des étoiles sur le fond de l’espace blanc. La lettre devient signe, emblème, symbole, suscitant contemplation et rêverie.
Cette forme d’enchantement à percevoir et à décrypter générait un élan physique et mental qui m’enjoignait d’exprimer ce que je ressentais.
Je me suis formée à l’aquarelle, puis au dessin avec la graveuse Catherine Escudié, et à la peinture chinoise ainsi qu’à la calligraphie avec Maître Ou Yang. Mon cheminement intérieur n’a pas été linéaire.
Et depuis une dizaine d’années, le temps, pleinement libéré, me permet d’explorer avec passion les techniques mixtes -impressions sur papier, collages, dessin, gesso, acrylique, pastel, encres- qui ont étoffé mes recherches vers des effets de matière plus subtils et des textures plus vibrantes.
Mon fil conducteur, c’est la trace plongeant dans un monde onirique, allusif et souvent symbolique, en dehors de la réalité. Recherche des arrières-plans, d’autres mondes, suggérés par mon imaginaire ainsi que nombre de voyages en Inde, en Turquie, en Ouzbékistan…
Tenter d’atteindre un univers singulier où incarnation et suggestion entreraient en résonance, laissant ainsi à chacun la liberté d’interpréter ce qu’il regarde. Mes rêveries sont alimentées par la fréquentation des chemins, des pierres dressées, du monde végétal, de la forêt et des grands arbres, sans oublier la musique, les Lieder de Schubert, les contes et légendes…
L’interrogation récurrente renvoie au mystère de notre présence sur ce corps céleste, de notre humanité et de ses errances, ses vertiges et ses chutes.
Mon langage pictural est basé sur un monde rêvé, hors du temps, sur des thèmes archétypiques, des paysages remodelés, dans lesquels je peux transposer les émotions intimes et houleuses de ma réalité intérieure.
En somme, tisser comme un fil d’énergie bleutée, permettre à l’esprit de divaguer, parcourir des chemins variés, retrouver une mémoire ancienne.
Sans répit, j’écoute les échos d’un autre monde, et tente de capter des messages ouvrant l’accès à des lieux enchantés.